Depuis son accès à l'indépendance, le Sénégal peine à améliorer la qualité de son enseignement supérieur public détérioré principalement par des disparités régionales (absences d'universités dans les zones rurales d'où sont originaires un grand nombre de bacheliers), du genre et dans l'accès. C'est dans ce contexte exacerbé par un taux élevé de chômage des diplômés qu'est née en 2013 l'Université Virtuelle du Sénégal (UVS), une ambitieuse initiative publique fondée sur une utilisation intensive des TIC pour améliorer l'accès et la qualité de l'enseignement supérieur. Dès son lancement, ce grand projet coordonné par le Ministère sénégalais de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche et appuyé par la Banque Mondiale a été entouré de discours et promesses « techno-positivistes » de suppression des inégalités, d'amélioration des conditions sociales, d'inclusion, d'équité, de protection de l'environnement, d'émergence du pays etc. Au même moment, de nombreux témoignages mettent en lumière les difficultés des étudiants de l'Université Virtuelle Sénégalaise à s'adapter à ce nouvel environnement d'apprentissage. Existe-t-il un fossé entre ces promesses et la réalité sur le terrain? Trois années après sa mise en place, très peu d'études scientifiques ont été menées pour dresser un état des lieux des atouts, contraintes et difficultés organisationnelles auxquels fait face l'UVS. Cette étude vise donc à combler ce vide scientifique grâce à la collecte et l'analyse de ressources sur supports physique et numérique (études, recherches, articles de presse, témoignages..) et des entretiens sur le thème des aspects sociaux, économiques et culturels liés à la mise en œuvre du projet.